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Photo du rédacteurJuliette Fabre

Comment libérer le potentiel des collaborateurs pour générer de nouveaux business ?

Lancer un programme d’intrapreneuriat, plusieurs entreprises ont sauté le pas depuis plusieurs années, comme par exemple Décathlon qui collecte déjà les fruits grâce au masque Easybreath, d’autres sont encore très réticentes et pourtant les impacts positifs sont multiples.


Au travers de mes projets et rencontres, j’explore la place de l’innovation en entreprise. Je vois un lien fort entre la gestion des Hommes, les méthodes de travail et la génération de business innovants. C’est pourquoi je me suis naturellement intéressée à l’intrapreneuriat, une démarche qui valorise la prise d’initiative des salariés qui deviennent porteurs de projet au sein et pour leur entreprise.


Une premier exemple : la démarche du directeur de l’innovation Nexity qui dès 2018 intègre des intrapreneurs pour une incubation en interne avec « Quatre mois pour réussir selon Georges-Etienne Faure, un budget de 60.000 euros et une personne à plein temps. L'enjeu de ces projets est d'aller chercher de nouvelles lignes de business, il ne s'agit pas d'innovation incrémentale et de simplement nous moderniser, mais bien de créer les métiers de demain avec les salariés ».


En sortie de crise sanitaire il y a pour moi un enjeu, celui de la responsabilisation de ses collaborateurs pour permettre d’être plus fort et résilient dans un monde incertain. Le top management est responsable de la stratégie, des décisions d’orientation de l’entreprise et du déploiement de la vision de celle-ci à tous les niveaux opérationnels. Aujourd’hui les attentes des clients et des collaborateurs ont évolué et certainement celles des actionnaires aussi, qui accorderaient plus d’importance aux sujets de la responsabilité, d’impact sur la société et à d’autres indicateurs que celui du bénéfice net de l’entreprise. Frugalité, compétences, engagement, test & learn, des thèmes que l’on retrouve dans les expériences d’intrapreneuriat en entreprise.


C’est sur ce thème que j’ai interviewé Stéphanie Lemaire, Innovation Community manager. Stéphanie apporte une vision nouvelle sur les méthodes de travail génératrices d’innovation. Elle nous explique comment fonctionne l’intrapreneuriat et quels en sont les avantages ? Enfin nous nous projetterons ensemble sur les évolutions potentielles de l’organisation du travail en entreprise pour libérer l’innovation responsable.


L’intrapreneuriat, un moyen de se reconnecter à la réalité du terrain, un moyen de se reconnecter à ses collaborateurs après une période de télétravail et certainement un moyen de faire plus avec moins de dépenses.

Une opportunité pour se positionner sur des pistes d’innovation et de relance, une opportunité pour (ré)engager les Hommes autour de nouvelles réflexions permettant de coconstruire l’avenir et les nouvelles organisations des entreprises.


Vous trouverez ci-dessous nos échanges et l’interview au complet !

Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’intrapreneuriat ?

Stéphanie : « C’est un collaborateur qui apporte une idée nouvelle, un nouveau projet en lien ou pas avec son poste en entreprise et que l’on va détacher à un moment donné de son poste pour qu’il puisse entreprendre son nouveau projet à 100% de son temps dans l’idéal. La dimension RH est donc importante car il faudra durant le temps de son projet intrepreneurial, gérer son absence sur son poste initial. Le collaborateur en menant son propre projet peut davantage s’épanouir en contribuant au développement stratégique de son entreprise"


Un des défis de l’intrapreneuriat c’est de donner la possibilité aux salariés de générer des idées nouvelles, de leur permettre de les transformer en véritable projet et par la suite de les entendre et de les promouvoir pour potentiellement les intégrer dans la vision stratégique de l’entreprise, ou bien tirer parti de l’échec.

Pourquoi intégrer une démarche intrapreunariale ?


Stéphanie : Pour l’entreprise, c’est une stratégie RH au service de l’innovation. L’entreprise profite tout de suite du vivier, du potentiel et de la créativité de ses collaborateurs engagés dans l’entreprise. C’est un moyen pour elle de faire évoluer ses collaborateurs vers de nouvelles compétences et de cultiver les talents pour de meilleures performances à terme. C’est donc un levier qui améliore la qualité de vie au travail, le bien-être des employés car ils pourront soutenir un projet qui fait sens pour eux, qu’ils auront choisi par eux même, et bien sûr cela peut permettre de ré-impliquer des collaborateurs qui auraient perdu de la motivation. C’est également un moyen indirect d’améliorer sa marque employeur »


Les impacts positifs vont même au-delà et s’observent au niveau de la qualité des projets, et du timing de réalisation. C’est un moyen rapide de générer des projets innovants, de trouver très rapidement des relais de croissance vers des territoires ou l’entreprise ne serait pas aller naturellement, donc d’être plus disruptif. Selon Stéphanie « La force de l’intrapreneuriat est d’imaginer de nouveaux produits & services qui font sens avec les valeurs de l’entreprise mais qui sortent du périmètre d’activité initial, de la lignée de produit standard ».

Et c’est d’autant plus intéressant d’imaginer et de tester au-delà de nouveaux produits, de nouveaux business models. Cela permet également de créer, tester, itérer selon la méthode du design thinking plus rapidement car les collaborateurs sont en quelques sort « incubés » en interne, à temps plein sur un seul projet et peuvent donc sortir du process standard (qui pour les grandes entreprises peut devenir très lourd), solliciter des ressources et autres compétences internes ou externes.


L’intrapreneuriat s’inscrit dans les nouvelles méthodes de travail d’un monde postmoderne qui valorise l’humain, le collectif, la transparence mais aussi la collaboration et la confiance entre collaborateurs et top management. L’entreprise cultive ses talents, promeut ses ressources internes, le risque encouru est limité et le coût est relativement faible vs l’appel à des gros cabinets d’innovation en externe, ou bien l’achat d’une startup par exemple, qui d’autant plus peut venir déstabiliser l’organisation et la culture d’entreprise.

Comment est-ce que l’organisation peut se transformer dans l’avenir pour davantage cultiver l’innovation et l’engagement de ses collaborateurs ?


Stéphanie : « L’intrapreneuriat est une méthode de travail innovante au service de la stratégie d’innovation de l’entreprise, elle engage plus de responsabilité du collaborateur, une chaine décisionnelle transversale vs pyramidale et de l’intelligence collective. Dans un futur proche, concrètement c’est le collectif, le groupe de travail qui prendrait lui-même collectivement les décisions pour avancer."

Ce qui induit de ne plus demander à chaque étape la validation à son manager, mais d’évoluer en pitchant devant les équipes dirigeantes.


Et pour aller plus loin…


Stéphanie : « Il faut aussi penser ressources partagées notamment pour les PME, les gens ne travailleront plus pour une seule entreprise mais pour plusieurs entreprises en même temps, il faut faire évoluer le droit du travail pour pouvoir cumuler facilement plusieurs emplois salariés. Mais aussi, nous exercerons plusieurs métiers en même temps avec une envie de changer et d’évoluer vite dans son domaine professionnel. Les équipes RH et dirigeantes doivent penser le collaborateur comme multi-métiers, nous ne sommes plus cantonnés à une seule expertise métier.

Au lieu de dépenser du temps et de l’argent à recruter de nouveaux talents, dénichons et cultivons ceux qui sont déjà présents en interne. Le potentiel d’un collaborateur est multiple il faut s’intéresser à lui et aller au-delà du diplôme écrit sur son CV. »

J’ajoute ici que c’est d’autant plus pertinent aujourd’hui car la perméabilité carrière pro / vie perso est inscrite dans le système de valeurs des millenials et gen Z. On pourrait imaginer dans le futur avoir plusieurs métiers. Par exemple être marketeur à 30h et prof de yoga à 5h dans la même entreprise pourra devenir la norme, comme être ingénieur qualité et animer des ateliers de couture 1 fois par semaine dans son entreprise. Ou encore nous pouvons imaginer un scénario dans lequel le CDI n’existera plus, l’entreprise ira sourcer le travail auprès de freelance ou via des CDD.

Si nous regardons le système managérial, lui aussi changera, les signaux faibles d’aujourd’hui parlent d’une posture du manager différente, où son intérêt n’est plus le KPI rentabilité ou bien de monter individuellement dans la hiérarchie car celle-ci n’existera plus en tant que telle, elle aura laissé place à un modèle beaucoup plus transversal. Selon Stéphanie « C’est passer de la posture du contrôleur, superviseur à celle de fournisseur, supporter. En tant que manager tu enlèves les pierres quand il y a un problème mais à aucun moment tu prends la décision à la place de l’équipe. Tu poses les questions qui font sens pour les faire avancer mais à aucun moment le manager impose son choix. C’est l’équipe qui prend elle-même la décision collectivement et c’est possible grâce à la sécurité psychologique : c’est à dire se faire confiance les uns les autres, s’exprimer, être écouté, entendu, pour prendre les décisions en équipe. Ce qui est recherché ici est de redonner la liberté aux individus de créer dans le bon sens de nouveaux produits & services. Cela ne peut être efficace que si le top management donne une vision à l’équipe. L’équipe n’est pas hors de contrôle car elle devra régulièrement montrer là où elle en est, et là où elle souhaite aller afin que sa stratégie soit à la fois alignée avec celle du top management et alignée avec les attentes du client, qui devra rentrer dans le processus de création" (cf les méthodes de co-design et design thinking)

Et j’ajouterai également que ces orientations dépendront également de la volonté et de l’engagement des collaborateurs, de leur désir de créer et d’impacter la société.


Pour conclure, ces nouvelles organisations devraient répondre aux besoins des individus qui sont souvent en quête de sens au travail, de responsabilisation et de cohérence entre leurs valeurs et leurs actions au travail. D’un point de vue business, dans notre nouveau modèle postmoderne, l’innovation sensée et responsable est le moyen de répondre aux attentes de la société, d’impulser les pratiques de consommation correspondant aux nouvelles valeurs humanistes, écologiques, durable, répondues aujourd’hui. Je vois un pré requis ici avant de se lancer dans ces nouveaux récits d’innovation c’est le fait d’aligner les intérêts de chacun à savoir : les clients & utilisateurs, les collaborateurs, les équipes dirigeantes et les actionnaires. Cet alignement doit avoir comme dénominateur l’Humain au service de la pérennité long terme.

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